Introduction
En Afrique
Sub-saharienne, plus de trois millions d’enfants de moins de cinq (5) ans
souffrent partiellement ou totalement de la cécité due à la déficience en
vitamine A. Au Congo, une enquête sur les carences en vitamine A réalisée en
2003 selon la technique de l’impression oculaire transférée (OIT) par l’ONG
Médecins d’Afrique avec l’appui de l’UNICEF a révélé que 51,8% des enfants de 6
à 59 mois et 44,4% des femmes enceintes et allaitantes présentaient une carence en vitamine A, contre le seuil de 40%
fixé par l’OMS.
Par ailleurs, la déficience en vitamine A
favorise chez l’enfant, certaines affections telles que les diarrhées, les
maladies respiratoires, la rougeole. La principale source en vitamine A est
d’origine animale. Les produits carnés, en raison du prix élevé, sont en général peu accessibles à la majorité
de la population qui est frappée par la pauvreté. La beta carotène, une forme
de pro vitamine A est une source de vitamine A plus accessible économiquement
contenue dans des plantes notamment le manioc. Les variétés à pulpe jaune sont
les plus riches en beta carotènes. Au Congo, plusieurs variétés de manioc a
pulpe jaune existent. Leur consommation sous forme de tubercules bouillis est
marginale, le congolais adore plutôt le manioc à pulpe blanche sous forme de
chikwangue ou de pate à partir de la farine (foufou). Aussi, le manioc jaune
n’a jamais fait l’objet d’une transformation en vue d’obtenir la chikwangue ou
le foufou.
Vu la
consommation régulière du manioc, l’usage des variétés à pulpe jaune, plus
riches en beta carotène pourrait fortement contribuer à la lutte contre les
déficiences en vitamines A. C’est dans ce cadre que l’IRA s’est engagé à
collecter, sélectionner les variétés de manioc à pulpe jaune, à transformer en
chikwangue et à proposer aux consommateurs.
Activités réalisées
Mise
en collection des variétés de manioc à pulpe jaune
Des
prospections ont été faites dans tous les départements du pays. Des
introductions ont été également faites des pays étrangers. Les variétés locales
et étrangères obtenues ont été mises en collection.
Sensibilisation
de la population sur la valeur nutritionnelle du manioc jaune
A
plusieurs occasions de formation des agriculteurs au sein des Groupements
d’intérêt Economique Communautaire, des femmes rurales soutenues par des
projets de développement rural ou par le Ministère de la Promotion et de
l’Intégration des Femmes au Développement ainsi lors des émissions
radiodiffusées, les scientifiques de l’IRA informent la population sur
l’intérêt de consommer le manioc jaune.
Fabrication
de la chikwangue avec le manioc à pulpe jaune
Des
tubercules à pulpe jaune de la variété BUTAMU ont été distribués aux femmes de
Loudima pour fabriquer la chikwangue. Les tubercules ont subi le même
traitement que le manioc à pulpe blanche avec lequel on fabrique habituellement
la chikwangue à savoir : rouissage pendant 4 jours dans l’eau, pétrissage,
modelage, emballage dans les feuilles des marantacées, étuvage.
Tests
de dégustation
La
chikwangue est coupée en morceau et servi lors des repas pris au cours de
différents évènements (ateliers de formation, Journée Mondiale de
l’Alimentation). Les personnes appartenant à différentes catégories sociales
(Ministres, diplomates, Cadres des administrations publiques, fonctionnaires,
responsables des ONG, paysans ont dégusté
le manioc jaune et donné leur appréciation.
Résultats
Nombre
de variétés à pulpe jaune mises en collection
La
collection de l’IRA compte quatre variétés de manioc à pulpe jaune dont une
introduite (BUTAMU) et trois locales (MBOTO, NGODIKI, DIKONDI). Aucun travail n’a
encore été réalisé sur leur teneur en beta carotène.
Propriétés
de la chikwangue
A
l’exception de sa couleur jaune, la chikwangue présente les mêmes
caractéristiques physiques (élasticité, consistance) que celui qui est issu de
la pulpe blanche. De même le goût ne présente pas une différence décelable chez
toutes les personnes qui accepté de manger.
Appréciation
des consommateurs
Le
sentiment de plus de cinq cent personnes a été recueilli. Toutes les personnes
sont surprises de voir la chikwangue jaune. Quelques personnes ont cru que
l’IRA a introduit un additif alimentaire (colorant) pour obtenir cette
innovation. Chaque fois, après les explications des techniciens de l’IRA, tous
ceux qui ont pris le courage d’essayer ont trouvé ce manioc à leur goût et leur
volonté de se voir servir davantage a toujours
entrainé tout le monde présent à goûter ce nouveau produit. D’une
manière générale, le agents de l’IRA se trouvent débordés, la quantité de
manioc jaune prévue se trouvant toujours inférieure à la demande.
Conclusion
Le
manioc à pulpe jaune se prête bien à la fabrication de la chikwangue. Le
produit obtenu, à l’exception de la couleur ne présente pas de différence
significative au plan organoleptique. Cependant, étant plus riche en beta
carotène, tenant compte de la grande consommation du manioc par les congolais,
ce produit peut jouer un rôle important dans la lutte contre la déficience en
vitamine A.
Ce
travail devra se poursuivre avec les autres variétés sur les autres produits
dérivés (foufou, gari etc.).
En
outre, la caractérisation des variétés devra permettre de préciser la teneur en
beta carotène des variétés de manioc.
Bibliographie
NASSAR, N.
, VIZZOTTO, C. S., LIMA da SILVA, H., SCHARTZ, C. A., JUNIOR, O. R. P.,
Potentiality of Cassava Cultivars as a
Source of Carotenoids www.geneconserve.pro.br/siteantigo/artigo026.pdf 7p.
Annonyme
2014 – Cadre stratégique de lutte contre la malnutrition au Congo. Horizon
2025. Brazzaville, 60p.